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jeudi 12 février 2015

Biographie Augustus PABLO : L'homme de l'Est !

AUGUSTUS PABLO : Ni mexicain, ni espagnol, l’Auguste musicien qui nous a quitté il y a pile dix ans était vraiment un être à part dans le Reggae. Humble et effacé, il aurait pu être ignoré et ne pas marquer cette période charnière du reggae Roots, si il n’avait pas eu l’originalité d’évoluer uniquement dans le Dub, et avec un instrument à qui il a donné ses lettres de noblesse, le Mélodica.
Multi instrumentiste de surcroît, il a tout d’abord côtoyé tous les studios de Jamaïque, avant de créer son propre label, Rockers, du nom de son Sound-System, bien avant donc que l’on ne déclina en style cette rythmique particulière du Reggae… Jouant dans un registre de gammes mineur, on qualifia ses morceaux de « Eastman Sound », de « Far East Sound » (tourné vers l’Asie - mineure !-, en référence à l’Extrême-Orient), et on comprit vite la force méditative qui se propageait de ses instrumentaux. « Quand on joue en mineur, c’est comme une histoire sans paroles, les gens qui méditent en profondeur peuvent y pénétrer... ».
Quand Stephen Davis raconte son premier voyage en Jamaïque en 77, il dira de lui « À vingt ans à peine, Pablo est un des hommes de la renaissance dans le Reggae ». Il a vu juste, même si il s’est trompé de quelques années, sa naissance à Havendale, dans le district de Saint Andrew, au Nord de Kingston, le 21 Juin 1953 ayant été confirmé depuis. Ne pouvant s’offrir que des leçons de piano à l’école, voire quelques exercices pratiques sur les orgues de l’Eglise paroissiale, il partagea le banc du Kingston College avec Tyrone Downie. Futur organiste de Marley, il l’accompagna aux premières sessions des Wailers avec les frères Barrett & The Upsetter. C’est grâce à la copine d’un ami, et dans le magasin de Herman Chin-Loy (Aquarius, pù il se procurait des singles pour son sound-system) qu’il s’enticha de cet instrument à mi-chemin entre l’harmonica et la flûte, pratique à balader de studio en studio. L’histoire ne dit pas si le musicien connaissait le chanteur américain Nat King Cole, un des premiers à ramener d’Italie l’Occarina pour le populariser aux States, un accompagnement facile et ludique pour ce pianiste averti… Mais revenons à Yard ! Le lendemain de sa trouvaille, Horace Swaby pas encore Pablo enregistrait déjà son premier disque « Iggy, Iggy » au Studio Randy’s, puis « East of the River nile » pour ce même producteur sur une rythmique « vendue » par Lee Perry, avant de changer de « Chin » pour Clive, avec le morceau de légende qu’est « Java ».
Clive Chin enregistrait alors Dennis Wright sur un nouveau riddim, au milieu de l’année 1969, mais n’était pas satisfait du résultat. Les Chosen Few produisirent alors de bons chœurs sur lequel le Mélodica se posait idéalement, et simplement. Le producteur appela ensuite Tommy Mc Cook, Bongo Herman, et le DJ Dennis Alcapone, et plus aucun chanteur ! Le rapide succès amena les labels concurrents (Studio One avec Cedric Brooks, et Prince Buster) à reprendre l’air dans les mois qui suivirent, et il fallut attendre 2003 pour que Bobby Digital ne « cutte » dessus les voix de Bushman, Morgan Heritage, et Sizzla…
Clive Chin intitula même son prochain 33 tours Java Java Java, le premier prototype d’album Dub, un set instrumental où basse et Batterie étaient mises en avant, sans être encore accompagnées d’effets. Dès lors, les portes des studios de l’île accueillirent le jeune musicien : Leonard Chin (Lovers Mood, Palace of Peace), Derrick Harriott (Bells of Death ou le coquin Bedroom Mazurka), Yabby You (Tippatone Blues), Winston Edwards (Fort Augustus -!- Rock) Tommy Cowan (The way ou l’album Ital Dub), Bunny Lee (sur le riddim Barbwire), Winston Riley, Keith Hudson, Jack Ruby (sur Foggy Road c’est pas sur que ce soit Pablo d’ailleurs…) Joe Gibbs, Augustus Gussie Clarke pour Born to Dub You (tiens un autre Augustus en Jamaïque !), et même Lee Perry (Hot & cold), lors d’une improvisation.
L’absence de tout un album avec ce dernier est d’autant plus flippante qu’il aurait été enregistré, sans se mettre d’accord pour le diffuser. Seul « Lama Lava » et « Vibrate on » devaient sortir de cette ultime session. Augustus Pablo sera d’ailleurs vite rempli de désillusions et de méfiance face à la véracité des producteurs de l’île. Ce sera donc la fin de la première carrière de Pablo, compilée dans des albums de qualité variable (mention spéciale au cd Trojan « Skanking with Pablo » 71-77). Dès 1978 il sortit donc sur ses propres labels, (Rockers, Pablo Int., Rockers Int., Hot Stuff, Yard, Message…) ses propres morceaux, indépendant jusqu’à la fin de son immense carrière, avec de nombreuses perles très souvent mixés par le King Tubby aux manettes ! (Voir la Totale de… sur ce blog). Quand Stephen Davis lui demande à l’époque son groupe idéal, il n’hésitera pas : « Chinna à la guitare, Family man Barrett à la basse Geoffrey Chung aux claviers, Bobby Ellis et Tommy Mc Cook aux Cuivres. Et je peux m’imprégner des styles de tous les batteurs… » ajouta t-il, lui qui le premier (avec Barrett) a utilisé des boites à rythme pour ses répétitions et maquettes.
Il s’entoure donc des meilleurs et enfile rapidement la carrière de producteur, avec ses protégés Jacob Miller (ses sessions de 74-75) et Hugh Mundell pour « Africa must be Free » où deux titres furent mis en boite dans le Black Ark Studio, « Why do Black… » et « Let’s all Unite ». Il suivit toute une pleïade d’artistes, des rares Immortals à son pote Junior Delgado, en passant par Delroy Williams, Norris Reid, le groupe Tetrack et Horace andy. Et aussi Big Youth, Alton Ellis, Ricky Grant, Dawn Penn, Sister Frica, Jah Bull, les mystérieux Asher & Trimble, de même que Israël Vibration (1978) ou Yami Bolo (1990) à leurs débuts…
On le croisera plus facilement dans son échoppe qu’en tournée, son style instrumental pouvant difficilement se décliner en Live, avec toutefois des apparitions extraordinaires à Londres et aux States dès la deuxième moitié des années 80. A Paris, quelques-uns ont pu le voir, pour un set jamais complet, car sa santé restait précaire. Un cancer d’une jambe (qu’il n’a jamais voulu amputer pour suivre les préceptes rastas), une pauvre alimentation, des problèmes d’arthrite et ce sera finalement la myasthenia gravis qui aura raison de lui… Jamais comme il a été écrit, il n’eut de Diabète ou des insuffisances respiratoires provenant de sa large consommation de Marijuana…
Si l’on retient trop hâtivement « King Tubby meets Rockers uptown » comme sa plus grande œuvre, » (C’est en fait un faux album de Augustus Pablo), il sera bon de revenir sur sa discographie, et résumer tout ce qui est disponible de lui dans une deuxième partie…
Un dernier mot sur son patronyme aussi étrange que sa musique : C’était un nom inventé (tiré d’un film mexicain ?) par Herman Chin-Loy, qui ne lui était pas vraiement destiné. Il servait au départ à signaler certaines productions anonymes (au dos des singles) que sortaient le producteur, faites notamment par son organiste Glen Adams. Jusqu’au jour où Glen partit aux Etats-Unis, le lendemain de la seesion de « Esta of the River Nile », et que Horace se vit affubler de son nom pour le restant de sa carrière… Le départ de cet organiste est longuement commenté dans le livre «Solid Foundation » de David Katz, car il permit à des musiciens comme Pablo de se faire un nom, notamment avec les Wailers de Lee Perry...
  Le mélodica restant l’instrument fétiche de cet artiste, même si Augustus Pablo pratique aussi la guitare, le synthé, l’orgue électrique, le xylophone, la flûte et les percussions, citons en introduction les autres musiciens qui ont employé ce « piano à bec » : Alex King (JA-guitar), Ansel Collins (JA- keys), Bobby Kalphat (JA-keys), Glen Brown (JA – keys), Harold Butler (JA – keys), Jimmy Becker (JA – harm) Tony Asher (JA- Synth), ou de l’autre coté de la Manche Clifton « Bigga » Morrison, Noël « Fish » Salmon, Hughie Issachar, Steve Beresford, Michael Mitchell et le copy-cat Dr Pablo, feu collaborateur du On-U Sound de Adrian Sherwood, qui se retrouve aujourd’hui dans la soudure de plomberie ! Dommage, la copie était (presque) aussi intense que l’original, le brouillard anglais en plus… Plus sérieusement, seul Joe White a su rivaliser avec le maître, sans oublier Peter Tosh, Pablo Black de l'écurie Studio One, et le parfait inconnu Rue Lloyd : Une galette vinyle sur Trojan apparue à la fin des années 80 nous a fait connaître ce son si particulier (Melodica melodies), que l’on assimilait à un harmonica. Sur le même label, Ital Dub et le Dubbin’ from Africa furent les premiers vinyls à vendre du Pablo en France, avec pour ce dernier la participation anonyme d’un tromboniste, ce qui nous faisait croire à l’époque que le Mélodiciste jouait aussi des cuivres ! Eh, oui, il faut faire attention à tout ce que l’on peut trouver dans les listings de téléchargement, comme dans les rayons des (rares) magasins de disques spécialisés. Le meilleur exemple reste ces faux « albums » avec Lee Perry… Plus récemment est apparu sur le déjà douteux label Jamaican Recordings un drôle de nickname « Keesy », qui se fait passer pour Augustus Pablo, pour des remix « fake », ayant vu le jour après sa mort. Le coté mystique et à part de sa carrière ne sera pas tout de le temps compris, et souvent mal exploité, et l’accueil méfiant qui réservait à des producteurs étrangers s’est souvent mal fini : Dans Word Sound & Power, le documentaire des deux californiens partis faire un reportage sur le Soul Syndicate, leur rencontre avec Pablo « a été le seul moment chaud (…) cela sentait l’embrouille en perspective »… (interview de Seb Carayol pour Natty Dread). On retrouvera tout de même les images filmées mais non exploitées sur le coffret qu’a sorti récemment Shanachie, 3 cd et un DVD résumant sa carrière, "The Rockers Story". Il faut dire que même les labels sérieux de ré-édition (Pressure Sounds en premier) ont peut-être trop réédité les compos de Swaby, souvent des prises alternatives de classiques que l’auditeur reconnaît, sans saisir les différences, ou sortir un best Of définitif. Trop de doublons, dommage, pas assez d’inédits, logique puisqu’il sortait tout en Jamaïque sur ses propres labels…
Un livre en Anglais tentera de faire un listing intégral de tous ces morceaux, nos confrères de Natty Dread en on feront la couverture d’un de leur numéros en 2007, là où d’autres consacreront toute une vie à recueillir, analyser et détailler le peu de renseignements disponibles, comme l’italien via son site « El Rockers » mis à jour pendant cinq ans… Le témoignage le plus intéressant glané sur le net restera en 1986, quand Pablo débarque au Royaume-Uni : Bizarrement, c’est cette même année qu’un journaliste au NME réussit à capturer en Jamaïque, dans les bureaux de Gussie Clarke, sa première (et dernière ?) interview, l’année où il sortit Rising Sun. Il nous résume simplement l’essence de son Art : "More time, I just rest by myself in the hills. I am not married or anything like that, so I live by myself. I don’t run it down all year ’round like some people after money all the time who don’t really have time to penetrate the other part of themselves. Sometimes I just sit in the hills and cool out and give praises to the Father. You have to do those things to balance yourself." Pas besoin de traduction?... Alors on continue : “Some people go to the studio every day and live by that. I don’t live that way. I teach different youths, that’s part of my work too. Jah send the youths to me wherever l am and I have my piano and a little drum machine, a riddim box, and I just rehearse and train them because them can’t really sing or anything. I try to put energy inside them." On trouve aussi cette page résumant bien sa carrière (in English) avec tous les genres de détails que l’on aime…: http://myweb.tiscali.co.uk/smallaxe/augustuspablorockersrock.htm

Augustus Pablo sortit son dernier album Valley of Jeosaphat peu de temps avant sa mort, le 18 mai 1999, dans un hôpital de Kingston, à 46 ans. Il laisse sa femme Karen, un fils Addis, une fille Isis son frère Garth (il avait deux autres frères Mark et Douglas (celui avec qui il entreprit de constituer le Rockers Hi-fi qui mourut fort jeune), sa sœur Claudia, et Buelah Swaby sa mère. Ses dernières productions peuvent paraître à nos oreilles roots un peu synthétiques, mais reflétaient le travail d’Artisan de cet arrangeur. Pour son dernier opus, il s’était d’ailleurs bien plus appliqué, comme pour nous laisser un testament brillant, une riche récolte, comme les quelques têtes ornant la pochette.
Parmi les riddims digitaux, on retiendra sa collaboration avec Junior Delgado avec en 1990 un super pendant instrumental à son album, Ragamuffin Dub, nouveau signe de la perpective que voulait alors donner Pablo dans sa musique. D’autres albums sont les versions Dub d’albums vocaux produits par Pablo, mais si l’on prête une oreille attentive, on a quelques surprises: Ainsi, AFRICA MUST BE FREE IN DUB ne contient pas QUE les dubs de l’album de Hugh Mundell, les deux derniers morceaux de chaque face n’en font pas partie, même si le dernier de la face B est bien de Hugh Mundell (de l’album Time & Place).
L’album EASTMAN DUB est le penchant de let’s get started de Tetrack sur les sept premiers morceaux seulement, le RAIDERS DUB et le ONE STEP DUB étant là les dubs respectifs de Earl Sixteen (them a raiders) et Junior Delgado (One step more).
Sur chacun de ces albums, Pablo signait une phrase de ce genre, « Produced by King Selassie I through His divine powers working through I and I to manifest these inspirations... ». C’est à mon sens un des artistes les plus intéressants, et un des plus mystiques, humble et dévoué à RASTAFARI : Jah Lives on, and on...

Petite anecdote intéressante, c’est à la fin des années 80, en 89 pour être précis que j’ai compris que le Reggae était sans cesse rejoué par d’autres chanteurs ou DJ, et décliné en Dubs. En effet, ce qui est su de tous aujourd‘hui l’était moins à l’époque, et s’illustrait dans le LP « Original Rockers Vol. 2 » (j’ai passé ensuite presque 10 ans à chercher le volume 1…) : Ici, quatre thèmes figuraient sur l’album, décliné en 13 versions qui soulignaient la patte productive de Pablo…

Junior Delgado: Away With Your Fussing & Fighting (vocal cut)
Jah Levi (Hugh Mundell): Selassie I Veranda (DJ cut)
Augustus Pablo: King David's Melody (melodica cut) (from "King David's Melody")
Pablo All Stars: Solomon Dub (dub cut)

Jacob Miller: False Rasta (vocal cut) (refer to "King Tubby Meets Rockers Uptown")
Augustus Pablo: 555 Crown Street (melodica cut)
Pablo All Stars: 1 Rutland Close (dub cut)

Norris Reid: Black Force (vocal cut) (refer to "Original Rockers")
Augustus Pablo: Casava Piece (melodica cut)
Rockers All Stars: Straight A Yard (dub cut)

Jacob Miller: Each One Teach One (vocal cut) (refer to "King Tubby Meets Rockers Uptown")
Jah Levi (Hugh Mundell): Zion A Fe Lion (DJ cut)
Rockers All Stars: Zimbian Style (dub cut)

Beaucoup plus tard, Pressure Sounds avec A.P. in fine Style adopta le même schéma, pour le plus grand plaisir des puristes, en retranscrivant ces maxis singles que Pablo appréciait particulièrement, car il pouvait y décliner librement son inspiration (comme sur le maxi Greensleeves « El Rocker ‘s ».
Pour ceux qui n’ont pas tout compris, voilà le détail du listing (avec les vocaux respectifs) de « King Tubby meets Rockers uptown », une compilation de titres parus sur le label Clocktower, mixé par King Tubby, pas un vrai album de Pablo donc, même si c’est le plus connu, le plus vendu, et un chef d’œuvre pour beaucoup. Le deuxième morceau a servi pour une pub de France Telecom, sûrement la première fois que l’on a entendu du Dub pendant les « réclames »...



1.(vocal) Keep On Knocking - Jacob Miller (lp) Who Say Jah No Dread (riddim "Black Gun")
2.(vocal) Stop Them Jah - Hugh Mundell (lp) Blackman's Foundation / Who Say Jah No Dread - Jacob Miller (lp) Who Say Jah No Dread / DUB : Jah Dread Augustus Pablo (lp) Original Rockers /
3.(vocal) Young Generation - Bongo Pat ? / DUB : New Style- Augustus Pablo (lp) Original Rockers
4.(vocal) Each One Teach One - Jacob Miller (lp) Who Say Jah No Dread / Zion A Fe Lion- Hugh Mundell (lp) Rockers International 2
5.(vocal) False Rasta - Jacob Miller (lp) Who Say Jah No Dread / DUB : 555 Crown Street Augustus Pablo (lp) Pablo Meets Mr. Bassie
6. (vocal) Brace A Boy – Dillinger / DUB : AP Special Augustus Pablo (lp) Original Rockers
7. (vocal) Baby I Love You So - Jacob Miller (lp) Who Say Jah No Dread / (vocal) Black Forces - Norris Reid (lp) Give Jah The Praises DUB : Cassava Piece Augustus Pablo Original Rockers
8. (vocal) One Jah One Aim One Destiny - Hugh Mundell (lp) Blackman's Foundation / (vocal) El Rockers - Jah Iny (lp) Rockers International 1 / DUB : El Rockers - Augustus Pablo (lp) Rockers International 1
9. (lp) Say So - Paul Whiteman (ou Blackman suivant les éditions, plutôt drôle, non?) (lp) Classic Rockers 2
10. DUB : Skanking Easy - Augustus Pablo (sur un thème cher à vos mamies un Violon sur le toit !)
11. (vocal) Love Won't Come Easy – Heptones (?) ou Love Won't Come Easy - Leroy Sibbles (lp) Classic Rockers / (vocal) Take It Easy - Dillinger (lp) Rockers Story DUB : Rockers Dub - Augustus Pablo (lp) Original Rockers (riddim studio one "Frozen Soul")
12. (vocal) Give Jah The Praises - Norris Reid (lp) Give Jah The Praises / DUB : Pablo Satta - Augustus Pablo (lp) Pablo Meets Mr. Bassie (riddim "Satta Massagana") mais aussi le Prophet Live de Lee Perry & Prince Jazzbo sur Clocktower


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